Suite de: Je ne veux plus jamais faire la fermeture.



Les divagations de Dwayne continuèrent un bon nombre de minutes. Plongé dans un lac silencieux, où sa douleur était étouffée, il n'émergea que quelques secondes en sentant son corps quitter le sol. Il s'envolait, tel un ange manqué qu'on avait envoyé sur la terre pour le faire souffrir, et on le reprenait après toutes les épreuves qu'il avait endurée. Enfin. Ses espoirs furent vite réduit à néant quand il reprit conscience dans sa chambre, sur son lit, dans ses draps, une odeur familière le recouvrant doucement. Dwayne se redressa péniblement en haletant. Sa main se porta à son torse là où il sentait une déchirure l'empêchant de respirer. Ses côtes surement. Il observa la pièce de son œil valide, l'autre étant gonflé et surement violacé. Les larmes lui montèrent de nouveau aux yeux. Le Dwayne avec un fort caractère qui affrontait les indésirables était profondément enfoui depuis qu'il s'était réveillé dans les bras de Ren. Le Dwayne faible et pleurnichard avait prit le contrôle.

Les étourdissements recommencèrent. Dwayne s'allongea dans son lit et fixa le plafond. Il vit Ren se pencher vers lui, sentit ses mains parcourir son corps dans le but de le dévêtir. Il n'avait même plus la force de résister, de continuer à se cacher. De toute façon, même s'il le voulait, il n'aurait pas eu l'énergie nécessaire pour se tenir debout ou même retenir ces mains chaudes et douces qui retiraient son uniforme. Il ignora la petite voix dans sa tête qui critiquait tout, son cerveau n'avait même plus la capacité de la comprendre. Une autre voix vint couvrir celle qui tentait par tous les moyens de faire réagir ce qui restait de la pudeur du jeune australien. Ce dernier se força à comprendre ce que disait cette belle voix.

« N'aie pas peur. Tout ira bien. »

Ses yeux se fixèrent dans deux prunelles noires entourées d'un petit cercle de bleu. Les yeux de Ren? Vraiment? Les beaux yeux azur de Ren presque anéanti par cette couleur trop effrayante. Dwayne leva avec difficulté sa main pour caresser les pommettes de l'Apollon de service. Un goût amer roula sur sa langue. Du sang.

« ... Tes.. yeux... »

Son bras retomba sur le lit et il perdit de nouveau ses esprits. Enfin, à moité. Dans son grand lac silencieux, la douleur était semi-présente, les sons lui parvenaient de loin et il voguait encore conscience et inconscience. Il ouvrait les yeux, voyait Ren, entendait le bain couler dans l'autre pièce. Il les fermait et n'entendait presque plus, ne voyait plus mais sentait encore les mains sur son corps. Elles semblaient être des milliers et il ne luttait plus. Qu'elles le touchent. Qu'elles soient dégoutées. Qu'elles le jugent. Il était trop... Ailleurs pour se soucier de tout ça. Il était trop occupé à tenter d'oublier la douleur pour se soucier de tout ça.

Il abandonnait la partie. Qu'on le touche, allez-y. Il abandonnait.

Pour cette fois, en tout cas.

Le jeune australien se recroquevilla en pénétrant l'eau chaude et tenta de cacher son corps dénudés en prenant la position de foetus entre les bras tout aussi chaud et réconfortant que le bain. Ce que Dwayne ne semblait pas réaliser c'était bien l'état d'esprit dans lequel se trouvait son colocataire. Les baisers qu'il reçut dans le creux de son cou le firent frissonner, petite douceur après toute cette violence. Malgré la résignation qui régnait, la réticence tentait de reprendre sa place en insufflant en lui les paroles de déni qui le forçait habituellement à s'éloigner des autres. L'abandon actuel était teinté d'amère réticence.

Cette réticence le poussa à se coller plus contre Ren, l'intention première étant de se reculer pour se soustraire à ses mains qui glissaient sur son ventre. Il se fit embrasser, toujours dans cet état d'éveil-endormi.

« Oh, je te veux tellement Dwayne. »

Phrase qu'il peina a en comprendre le sens et à peine eut-il été capable d'assimiler cette information que Ren prit la parole de nouveau.

« Réveille toi, mon ange. J'ai envie de te sentir avec moi. Réveille toi. Putain, réveille toi. »

Et il refit surface, rouvrit les yeux et posa ses prunelles émeraudes - dont un oeil était gonflé et rouge - dans celle de Ren. Il se tassa à une extrémité du bain presque violemment et se cacha en enroulant ses bras autour de lui. Cependant, il dut vite reprendre sa position allongée car la couleur dans ses côtes le fit gémir de douleur et il retourna se caler contre Ren. Seul moyen de ne pas souffrir en fait. Sa tête était étourdie, il n'avait presque rien manger de la journée et il avait travailler toute la soirée.

« Pourquoi t'es.. yeux ils.. sont comme cela.. ? »

Il peinait à respirer correctement et ce souvenir des yeux si bleus de Ren, presque complètement caché par ses pupilles dilatés le frappèrent avec encore plus de force que dans son état de semi-conscience, maintenant qu'il était pleinement - ou presque - en contrôle de ses moyens. Il leva la main vers son visage et, malgré la douleur, caressa ses paupières avec douceur.

« Ren... »

Il se souvint alors en détail sa soirée. Les hommes. Leurs insultes. Leurs rires. Leurs visages. Ren qui arrivait. Ren qui les massacrait alors que lui était sur le sol en train de souffrir. Doucement, il se blottit contre le jeune junkie et posa de lui-même ses lèvres sur les siennes. Enfin, il rêvait faire cela, jamais il ne l'aurait fait pour vrai. Mais son corps en ayant décidé autrement, il se blottit réellement contre Ren et l'embrassa réellement. Comme pour le remercier.

Merci mon Ren...

« Il suffit à la foule de la vue du sang pour lui en donner la soif, comme la première coupe de vin est le prélude d'une longue débauche. »
Les doigts du jeune homme sur lequel il était appuyé parcouraient son corps et laissaient sur sa peau des traces brûlantes nourries de désir pur et contenu. Dwayne était tout simplement un corps meurtri, abandonné par le courage et il ne luttait plus contre cette flamme qui voulait le corps d'un autre contre le siens. Le corps de Ren, précisément. Et c'était ce qu'il avait. Mais.. ce n'était qu'un rêve, une pauvre et stupide illusion. Rêvait-il éveillé de ces mains qui glissait sur ses hanches, cette bouche contre son oreille qui le faisait frissonner atrocement, stimulant cette zone érogène qu'était son pavillon, touché d'une manière précise? Certainement. Dwayne avait de la difficulté a assimiler ce désir que portait Ren à son égard et, dans cet inconscient que créait le cerveau du jeune australien, il allait profiter de ces images et de ces sensations.

Sensations ô combien saisissante de réalisme. La main, presque fraîche sous l'eau, de Ren, pile à l'endroit depuis si longtemps inutilisé, encore vierge d'autre main excepté celles de son propriétaire, qui le caressait doucement. Assez pour faire le faire durcir et créer une douce chaleur qui se répandait tel un frisson dans tout son corps.

« Dis moi que tu as envie de moi. »

Sa voix était si réelle... Dwayne ouvrit les yeux et observa le visage qui incarnait pour lui la perfection. S'il avait envie de lui ? Depuis qu'il l'avait aperçut un matin, parfait inconnu blottit contre lui, il l'avait désiré. Ren était un appel à la luxure, tout son corps étant un émetteur de désir. Comment, petit australien moche et gay, pouvait-il ne pas désirer corps et âme la personne qu'était Ren. À la fois beau et sensuel dans tous ses gestes, il était d'agréable compagnie, amusant. Malgré le quasi harcèlement sexuel qu'il recevait de sa part, Dwayne avait envie de Ren.

Misérable illusion d'un homme rongé par le désir. Illusion pourtant si réelle qu'on croirait vraie. La tête turquoise de Dwayne s'approcha de nouveau de celle de Ren et, malgré l'inexpérience résultat de peu de pratique, il l'embrassa avec toute l'énergie de son désespoir. Désespoir de savoir que tout ce qui se passait en ce moment était faux et que, lorsqu'il rouvrirait les yeux, il redeviendrait le Dwayne maladroit et laid. Il ne serait plus cet être en effervescence contre le corps d'un futur amant. La douleur dans ses membres s'engourdit peu à peu, l'eau chaude détendant ses muscles crispées, effaçant les courbatures et cette sensations nouvelle, plaisante qui réussissait à faire abstraction de la douleur.

Si Dwayne ne dit mot, ses gestes parlèrent à la place de sa bouche et il s'assit à califourchon sur les cuisses de Ren, les paumes passivement posées sur son torse. Oui, il avait envie de lui. Oui, oui et oui.

Ce n'était qu'un rêve. Certes stupéfiant de réalisme, mais un simple rêve...

Dwayne Miller n'était plus. Le jeune homme qui longeait les couloirs pour éviter la foule, celui qui se cachait sous des vêtements trop large et qui faisait tout pour éviter les regards sur sa personne avait laissé place à un jeune homme aux joues rouges qui ne demandait rien de plus que Ren lui donne encore plus de cette chaleur dans son bas-ventre et de ces frissons exquis qui le parcouraient. Tout était si nouveau pour lui, tout était plus réel que ses innombrables rêves dans le genre. Si Ren saurait à quoi il était en train de rêver, surtout qu'ils ne se connaissaient que depuis quoi.. ? Une journée à peine ? Dans la réalité, c'était tout simplement impossible que cela arrive. D'abord parce que Dwayne était trop moche pour seulement espérer faire bander Ren et ensuite parce qu'ils ne se connaissaient pas. Ce tourbillon de pensées, de sensations diverses et de sentiments mélangés fut interrompu par les mouvements de Ren.

Rapidement, il se retrouva sur le dos, Ren sur lui, ses mains faisant menottes autour des ses poignets. Le jeune australien ancra ses yeux dans ceux de Ren, qui reprenaient leur jolie couleur, pour les refermer tout de suite en se faisant dévorer la bouche. D'abord surprit, Dwayne tenta de reprendre ses esprits puis il participa lentement, reprenant contrôle de ses poignets et glissant ses bras autour du cou de Ren, caressant sa nuque et le serrant contre lui. C'est un rêve. J'ai le droit de faire ce que je veux. Dans ce rêve, je suis à la hauteur de la beauté de Ren et j'ai le droit de faire ça. C'est si bon.

« Je te veux tout entier... Et maintenant. »

Et Dwayne paniqua légèrement en sentant les mains de Ren sur ses hanches l'attirer pile à l'endroit où il n'avait pas encore jeté un oeil - l'engin de Ren Phee, entre autre +W+. Mais pour son plus grand bonheur, et puisque c'était un rêve rien ne pouvait lui arriver, Ren glissa son visage dans son cou pour... il ne savait pas. Il sentit sa langue, ses dents, une succion. Des frissons qui hérissaient les cheveux de sa nuque et lui faisait fermer les yeux en laissant vagabonder ses mains sur le dos de son colocataire sexy.

Puis l'eau chaude qui réchauffait son corps et endormait les blessures fut remplacée par l'air frais de la pièce. Il grogna de mécontentement, voulant retourner dans la baignoire. Mais il se retrouva sur un lit, les lèvres de Ren sur son front qui y laissèrent une sensation de brûlure... exquise. Il ne se reconnaissait plus. Il n'était pas Dwayne. Et c'était tant mieux. Ne pas être lui signifiait être débarrasser de sa laideur. Ce n'était pas lui, voilà. Et tant que ce n'était pas lui qui, allongé nu sur un lit, attendant patiemment que le corps bouillant de Ren revienne contre le sien, il avait le droit de regarder le fessiers devant lui en se disant qu'il allait pouvoir le caresser. Dwayne, se redressant sur les coudes, observa l'homme qu'il avait surprit à demi-nu dans son lit le matin même, qui tentait de lui cacher quelque chose. Fronçant les sourcils, il tenta de voir ce que c'était, mais il oublia tout de suite ce petit détails futile quand ses yeux tombèrent, enfin, sur (pardonné l'expression) le soldat au garde-à-vous de Ren. ÇA ne rentrait pas LÀ. C'était IM-PO-SSIBLE.

Et avant même de pouvoir émettre une quelconque objection, Ren fut sur lui - il posa ses mains dans son dos pour le coller contre lui, retrouver de la chaleur -, ses lèvres contre les siennes et glissant ce qui semblait être un doigt en lui. Dwayne se crispa à cette intrusion et fronça les sourcils en laissant échapper une sorte de gémissement sourd, surprit. Okay. Pas désagréable, juste bizarre. Le jeune Miller patienta un moment et quand il s'accommoda cette présence nouvelle, il leva le menton légèrement pour frôler les lèvres de Ren avec les siennes.

« J'ai envie de faire ce genre de rêve tous les soirs, tout est tellement réel... »

Chuchota dans un soupir à peine perceptible l'australien, un sourire presque heureux aux lèvres. Il n'était pas Dwayne Miller et il allait coucher avec Ren Phee, la personne la plus... excitante qu'il eut rencontré jusqu'à ce jour. Cool, non ? Le subconscient, c'est quelque chose de fantastique.

Dwayne aurait pu passer son temps à embrasser Ren. Sa vie entière. Il était doué, il goûtait bon et il était chaud. Chaud contre lui, contre sa peau, à l'intérieur de lui. Il était brûlant partout. Le jeune australien n'avait jamais autant fantasmer sur quelqu'un, aussi rapidement surtout. C'était aussi la première fois qu'il rêvait de faire l'amour de cette façon, totalement nu, offert aux yeux de son partenaire. C'était à la fois désagréable et rassurant de avoir que Ren le regardait avec des yeux brillant de désir, malgré sa laideur... Ah. Ce n'est qu'un rêve, il ne faut pas l'oublier. Il ferma les yeux pour ne pas montrer sa tristesse en se souvenant qu'il ne faisait pas réellement l'amour avec lui. Avec Ren. Ce beau jeune homme qu'il ne connaissait pas, du tout. Et qui pourtant avait déjà voler son coeur avec ses beaux yeux. Qui avait réussit à semer pour la première fois le doute dans sa tête. Qui avait réussit à le faire se sentir "acceptable" niveau physique. Mais, en y repensant, Dwayne était en colère contre lui. Il l'avait touché contre son gré, il l'avait obligé à faire des choses qu'il ne voulait pas, il l'avait obligé à plein de truc que Dwayne n'aimait pas faire. Malgré tout... Malgré le fait qu'il lui en voulait atrocement, il ne pouvait empêcher son coeur de vouloir l'aimer. C'était impossible que les sentiments ne soient réciproque de toute manière...

Ah les rêves. Tous beaux, tous jolis. Mais est-ce que les rêves peuvent nous faire mal de cette manière ? Ren avait insérer un deuxième doigt en plus du premier et Dwayne s'était crispé de douleur, avait laissé passé une petite plainte de souffrance. Souffrance qui l'avait quitté progressivement, laissant place à une sensation nouvelle, pas désagréable, due aux mouvements que Ren lui imposait. C'était bien étrange, ce goût de "première fois" alors qu'il avait quand même déjà rêver de se faire dépuceler. Pas souvent, mais deux ou trois fois... Un affreux doute naquit dans sa tête, mais il chassa l'idée. Ren ne pouvait pas vraiment être en train de faire ça avec son corps, c'était trop dégoutant... Plus il y pensait, plus le doute persistait, mais il oublia rapidement ses pensées quand la douleur beaucoup plus vive d'un troisième doigt le déchira. C'était atrocement douloureux, tout le plaisir qu'il ressentait s'évanouit pour laisser place à ce pincement en lui. Il échappa un cri de douleur qu'il tenta d'étouffer, le visage crispé alors qu'il respirait de manière plus saccadée. Puis s'estompa, plus lentement que les autres fois, cette douleur. De nouveau le plaisir, si c'était cela, mélangé avec cette souffrance. Drôle de mixte. Dwayne chercha les lèvres de Ren, désireux de trouver réconfort, de trouver une petite source de soulagement à la douleur.

Puis soudain, le vide. Plus rien qui bougeait en lui. Surprit, l'australien ouvrit les yeux, curieux, mais il les referma en serrant la première chose qui passa sous sa main ; les épaules de Ren. Il y enfonça ses ongles en lâchant une longue plainte. Des larmes s'échappèrent de ses yeux. C'était beaucoup plus que douloureux, ça. Il paniqua, chercha à se soustraire à cette douleur, réalisant tout bêtement, soudainement, que c'était vraiment réel, qu'il ne rêvait pas du tout.

« N'aie pas peur. Ça fait mal, c'est normal. Tout ira bien si tu te calmes. »

Contre toute attente, Dwayne cessa de bouger en entendant la voix de Ren, le regardant dans les yeux, ses larmes coulant toujours sur ses tempes. Cessant de luter, il ouvrit les jambes qu'il tentait de refermer afin d'éloigner Ren de lui. Immédiatement la douleur sembla être moins pénible. Les sourcils froncés, il tenta de détendre ses muscles, respirant lentement, sans cesser de fixer les prunelles de Ren, s'y raccrochant pour ne pas tomber. Tranquillement il commença à se sentir beaucoup plus brûlant. La douleur s'estompa, beaucoup plus lentement cependant. Mais à chaque petits va et vient que Ren faisait, ça allait un peu mieux. Il soupira en découvrant que, peu à peu, ça lui faisait du bien. Il regarda Ren avec des questions pleins les yeux.

« C-Comment tu fais pour ne pas me trouver dégoutant ? »

Sa voix trembla, il termina sa phrase en murmurant le plus bas possible, espérant secrètement que Ren ne comprenne pas. Il glissa ses bras autour de son cou, le tirant à lui. Il voulait se faire réconforter, rassurer, il avait peur de tout ça, peur de réaliser qu'il aimait cela, petit à petit. Et il ne voulait pas qu'il arrête. Mais il ne voulait pas qu'il le regarde... Il ne savait plus trop. Ses larmes continuaient de couler, mais ses soupirs devinrent de petits gémissements timides.