Il faisait chaud. Trop chaud pour les habitudes anglaises que June avait prises. La jeune fille suait rarement, mais là, elle dut s'arrêter et rattacher avec une épingle une mèche de cheveux qui s'était collée contre son front à cause de la sueur. Le soleil éclatant avait poussé la finlandaise à troquer son jean et son débardeur noir habituels pour un minishort et un dos nu bleu clair, alors que dans ses cheveux, une petite dizaine de mèches étaient entourées de fil bleu, rouge, vert, jaune. Cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas porté de couleurs, depuis la dernière fois qu'elle avait vu ses amis punk, en fait. Aujourd'hui, elle n'avait plus peur de se faire un minimum remarquer. Au moins, à Niwa-Naishou, il n'y aurait pas trop de gros baraqués prêts à lui sauter dessus pour la violer dans un coin sombre, pensait-elle. Ici, elle pouvait se défendre. Et cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas fait ce qu'elle allait faire, à savoir aller se baigner.
*Est-ce que je saurais encore nager, moi ?*
Arrivée dans les vestiaires de la piscine, elle enfila rapidement un maillot de bain bleu, se désespérant de la minceur de mannequin qu'il faisait ressortir. Elle, elle aurait voulu avoir plus de graisse, parce que cette minceur lui rappelait des souvenirs qu'elle aurait voulu oublier. Heureusement, ses formes agréables, qu'elle avait repris après sa période anorexique, lui faisaient un peu oublier ses complexes. En plus, ce jour là, June était de bonne humeur, autant qu'une ancienne prisonnière pouvait l'être. Une ombre de sourire éclairait son visage alors qu'elle passait dans la partie du bâtiment où il y avait le bassin. Personne n'était présent, elle était la seule à se risquer en terrain humide. Une crainte la saisit de nouveau, alors qu'elle s'agenouillait au bord de l'eau. Elle tâta la surface d'une main, le contact frais la faisant frissonner.
- Ca suffit c'est stupide ! Je saurais toujours nager, et j'aimerais toujours l'eau !
Elle se criait dessus toute seule, pourtant, la peur était bien là. L'eau sombre et trouble au fond, lui rappelait la Tamise près de laquelle s'était passé le drame. Parmi les nombreux gens contre lesquels elle s'était battue, elle en avait fait tomber un dedans, et l'avait regardé se noyer dans l'eau bouillonnante. Une larme roula sur sa joue, elle continua d'essayer de se convaincre à voix haute
- C'est une piscine, c'est pas un fleuve, encore moins la Tamise !
Soudain, des pas la firent sursauter. Si la personne qui arrivait l'avait entendue, June allait vraiment passer pour une malade mentale. La régularité des pas faisait augmenter sa fréquence cardiaque et sa respiration. Elle avait tellement l'habitude de la régularité militaire des prisonniers, que ça lui colla une véritable crise d'angoisse. Enfin, une fille apparut face à elle, et June respira, arrivant même à adresser à cette demoiselle un sourire ainsi qu'un :
- Bonjour !