Lyndsey avançait d'une démarche nonchalante, sans prêter de regard particulier à tous ceux qui se précipitaient vers les vestiaires, comme si leur vie en dépendait. Elle n'avait pas particulièrement envie de faire du sport, surtout en dernier cours de la journée. C'était lassant et elle préférait faire des choses plus amusantes. Ce n'est pas comme si elle avait spécialement besoin d'une activité sportive scolaire, en même temps. Elle attendit à côté de la porte, regardant les gens entrer et ressortir le plus vite possible. Des vestiaires mixtes... Les créateurs du campus devaient quand même être bien louches pour créer ça, sachant qu'il pouvait très bien y avoir des violeurs parmi les élèves. Elle ricana. Après tout, c'était leur problème.

Tranquillement, elle attendait que la masse soit passée en mangeant une mandarine, sans se formaliser de ceux qui la bousculaient dans leur agitation. Pourquoi courraient-ils tous ainsi ? Ils auraient le temps de courir plus tard, quand le cours commenceraient. Tous ces gens avaient vraiment un problème dans la tête... Elle haussa les épaules et jeta un regard circulaire, apercevant une fille qui, comme elle, semblait attendre à l'extérieur des vestiaires que tout le monde soit changé. La masse grouillante d'élèves l'empêchait cependant d'aller lui parler. Cela dit, elle avait l'air tellement angoissée que Lyndsey n'était pas vraiment sûre de vouloir lui parler. Elle détourna les yeux et écouta les conversations bruyantes dans les vestiaires, en attendant qu'ils se vident.

_Sérieux, il va encore nous faire courir à nous tous dans le gymnase de trois mètres carrés. Il est lourd, ce prof.
_En même temps, avec tous les élèves qui ont sport en même temps, c'est pas étonnant que ce soit le bordel.
_Et l'autre, avec son nez en forme de patate, il nous crie dessus comme si c'était notre faute !
_Laissez tomber les gars, de toute façon au pire on a qu'à revenir ici après. Le prof verra même pas si on sort. Et puis il y a toujours des filles qui attendent que les vestiaires soient vides pour se changer.

Elle les entendit rire et ils sortirent, jetant en regard vers elle en comprenant immédiatement qu'elle faisait partie des filles dont ils parlaient. Ils la sifflèrent et elle leur retourna un regard enjôleur qui détonait totalement avec l'air agacé de son visage. Air qu'ils ne remarquèrent même pas. Elle leva les yeux au ciel. Idiots. Elle souleva sa chevelure blonde qui peinait à repousser et lui piquait l'arrière du cou de façon désagréable. Blonde... Quand est-ce qu'elle était devenue blonde, déjà ? Elle haussa les épaules. peu importe. Lyndsey s'écarta du gymnase, peu encline à observer la distorsion des membres de celles qui faisaient de la gym en attendant le prof de sport. Elle frissonna. Ce genre de contorsionnisme était presque effrayant. Elle n'avait jamais été assez souple pour ça. Suffisamment pour escalader n'importe quelle façade et se glisser hors les bras de n'importe quel agresseur, mais pas assez pour la gym. Mais bon, ce n'était qu'une activité secondaire sans utilité particulière, et elle préférait de loin se battre.

Quand la foule se fut un peu calmée et que les vestiaires furent vides, elle entra et ouvrit le sac qu'elle transportait partout, sortant ce qui pouvait faire office de tenue de sport. Elle vit du coin de l'oeil que l'autre fille était déjà à l'intérieur. En se changeant, elle prit comme à son habitude le temps d'examiner l'intérieur de son bras et faillit éclater de rire. Escalader l Tour Eiffel. Quand est-ce qu'elle avait fait ce pari avec Tyler ? Il faudrait qu'elle trouve le temps d'aller en France pendant les vacances, il lui restait un an pour le pari, c'était faisable. Elle n'avait plus aucun autre pari en cours depuis qu'elle avait réussi à faire peur à Tyler. Lyndsey tourna la tête en entendant des bruits en provenance de l'autre côté de vestiaire. les trois garçons de tout à l'heure étaient là mais un seul se tournait vers elle tandis que les autres semblaient s'éloigner. Lyndsey serra les dents mais ne dit rien, serrant le débardeur qu'elle venait d'enlever dans son poing.

-Salut beauté, comment tu t'appelles ?
-La beauté, comme tu dis, s'appelle Lyndsey. Et bien que je puisse être flattée du compliment, j'ai de sérieux doutes sur les activités de tes copains et, si tu n'y vois pas d'inconvénient, je vais aller vérifier ce qu'il font avant de m'occuper de tes dents.
-C'est marrant pour une fille qui drague tout ce qui bouge t'es pas spécialement gentille.
-D'une je drague pas tout ce qui bouge, moi mon truc c'est plutôt les paris. Et de deux, j'aimerais éviter d'avoir à te casser les jambes qui te seront sûrement utile pour courir dans le cours d'après.
-Mais bien sûr...
-Quoi, tu ne me crois pas ?

Sans prévenir, elle saisit son poignet et le tordit violemment. Il y eut un craquement puis elle le lâcha, le laissa chouiner sur la douleur de son poignet même pas cassé pour s'avancer vers les autres, sans sembler se soucier du fait qu'elle était toujours en soutien-gorge.Cherchant une arme parce qu'elle doutait de pouvoir se débarrasser de trois gars en même temps, elle saisit le produit à vitre qui traînait encore dans le vestiaire et s'avança vers l'endroit où elle les avait vu disparaître.

(Je répond à la place de Gaëlle donc. Oublie pas de changer le titre du sujet ^^)

Les vestiaires... Jude n'était pas sûre de vouloir remettre les pieds dans un endroit pareil un jour. Son corps avait repris des formes, mais son esprit était encore à moitié en miettes. Paranoïa... Dans les vestiaires avec des mecs ? même pas en rêve ! Elle n'avait pas un seul ami parmi eux pour assurer sa sécurité. Dans le temps, elle avait eu Ulrich Kirschten, un ancien ami rencontré avant leur entrée au campus, mais ils s'étaient éloignés. Hors de question qu'elle entre là-dedans sans lui, ou alors elle y entrerait APRES tout le monde. ouais, attendre que tout le monde ait fini n'était pas spécialement une mauvaise idée. Pas comme si elle avait spécialement envie de faire du sport, de toute manière. Avait-elle seulement la force physique nécessaire pour courir ?

Il y avait une blonde, de l'autre côté de la masse. Une fille qui, malgré le regard séducteur qu'elle lança à un groupe de garçons hilares, ne laissait aucun doute sur son envie intérieure de les couper en morceaux. Il fallait vraiment être naïf pour prendre son regard à la lettre. naïf, aveugle ou stupide. Curieusement, pour ce genre de personne, elle optait surtout pour le troisième. Insupportablement stupides.

Elle n'avait aucune illusion sur l'apparence qu'elle devait elle-même refléter. Peur, angoisse.. Elle serrait ses bras contre sa poitrine comme si on pouvait voir à travers son petit haut rouge. Malaise. Mais pourquoi était-elle venue ? Ah, oui... Anorexie guérie, forces retrouvées, elle pouvait reprendre le sport sans problème parce que son corps s'était réadapté à un rythme de vie plus "actif"... Si au moins elle avait eu le temps d'aller se changer dans sa chambre...

Les vestiaires se vidèrent enfin. Elle vit la jeune fille de tout à l'heure entrer et se glissa à son tour à l'intérieur, à l'opposé total de sa présence. On sait jamais, des fois que les mecs de tut à l'heure revenaient pour la draguer, elle ne voulait pas être trop proche à ce moment là. Recroquevillée sur son banc en jetant des regards inquiets autour d'elle toutes les secondes, Jude entreprit de se changer...

Enfin c'est ce qu'elle était en train de faire, quand deux des trois garçons de tout à l'heure débarquèrent, l'acculant dans un coin de la pièce. Flash. Des souvenirs revinrent en trombe dans sa tête. Elle n'entendait pas leurs paroles, elle n'entendait que le "Judy" répétitif d'Adam, près d'elle, sentait les mains fantomatiques du souvenir sur ses cuisses. Guérie, elle était guérie, elle était gué...

Quand les lèvres de l'un d'eux se plaquèrent sur les siennes, Jude reprit contact avec la réalité. Elle n'avait pas d'arme dans la main, elle ne pouvait tuer personne. Violemment, avec toute l'angoisse qui coulait dans ses veines, elle mordit la langue qui venait de franchir la barrière de ses lèvres. il s'éloigna en hurlant, plaquant ses mains sur sa bouche d'où s'écoulait un filet de sang. C'est seulement à cet instant que la jeune fille remarqua que son haut était retiré, et qu'ils avaient commencé à descendre son jean. Elle serra les poings.

-Je vais vous faire la peau... Bande de sales enfoirés !

Elle envoya un violent coup de pied dans le genou du deuxième, et jeta aux deux un regard sanglant.

-Le premier qui ose encore me toucher, je lui arrache la première chose qui dépasse...