Suite de : On va faire du sport gee

On se reverra ce soir.

On se reverra ce soir. Entre-temps, réfléchis bien.

Réfléchis bien.

Dwayne, immobile contre ce mur où venait de se passer la chose la plus.. déconcertante de sa vie. La plus plaisante certes, mais à lui donner une migraine atroce à force de tourner et retourner ce moment dans sa tête. Il fixa Ren qui s'éloignait en faisant résonner en lui ces dernières paroles. Ce soir.. Vraiment ? Et qu'allait-il se passer, ce soir? Dwayne rougit. Il ne voulait pas ce que son esprit tordu imaginait. Déjà, ces baisers et caresses étaient quelques choses qu'il lui fallait assimiler. Ren l'avait embrassé. Embrassé. Ce que prouvait ses lèvres gonflées et rougies, comme ses joues et ce souffle haché qui se calmait peu à peu. Et ces brûlures sur sa peau, là où les doigts de Ren l'avait touché. Touché. Lui. Dwayne Miller, gros tas de graisse hideux et plein de défaut monstrueux.

Il passa une bonne demi-heure à se raccrocher au seul pilier qui lui restait : cette surface solide où était appuyé son dos encore parcourut de frissons. Si seulement il avait su ce qui allait lui arriver en venant ici.

Doucement, il se laissa glisser sur le sol et serra ses genoux contre lui. Il fit le vide dans sa tête, tenta de retrouver son calme. Quand cela fut fait, enfin en partie, il sortit à l'extérieur et se fit le tour du campus. Il marcha lentement en respirant profondément. Une heure passa ainsi. Et il se souvint qu'il commençait à travailler dans pas longtemps. Ayant prit sa douche le matin même il n'avait qu'à passer à la chambre pour enfiler son uniforme (qui ressemble à ça) de travail. Il était serveur chez Guillaume at Bennelong depuis 2 ans et il avait de la chance que le restaurant soit si près du campus. Il aimait bien ce travail, il n'aurait pas voulu démissionner. Enfin bref, Dwayne se dirigea les mains dans les poches vers sa chambre, en espérant que Ren n'y soit plus. Ça faisait quand même presque deux heures... Quand il poussa la porte, il vit la chambre vide. Rapidement, il se dirigea vers son armoire et se changea devant celle-ci en vitesse. Il alla dans la salle de bain ensuite, le miroir était encore légèrement embué de la douche qu'avait surement prit Ren. Dwayne passa un linge dessus et ajusta son costume. Il tenta quelque chose avec ses cheveux pour les peigner et en évitant de croiser les yeux de son reflet il termina sa toilette et retourna dans la chambre pour fourrer quelques trucs dans un sac à bandoulière. Genre son porte-feuille, iPod, pocky, son tablier et son téléphone portable.

Il retira ses chaussettes et sautilla jusqu'à son armoire pour se piquer une paire de bas noir. Il les enfila et sautilla de nouveau jusqu'à la porte pour enfiler ses souliers noirs qu'il prenait pour travailler. Il sortit et, en marchant, se rendit au restaurant. Il se sentait un peu mal-à-l'aise à chaque fois qu'il portait son uniforme, car celui-ci le moulait un peu trop à son goût. Mais il s'y était quand même habitué et tentait toujours d'ignorer les regards sur lui.

Il commença son boulot à démettre les tables et mettre les couverts, apporter l'eau et le café. Quand Joany termina sa journée, il prit sa place en tant que serveur et reprit ses tables. Dwayne travaillait bien et il était concentré. Habituellement, il discutait un peu avec les clients, ses collègues, mais aujourd'hui non. Il ne mangea pas à midi, se contenta d'un petit grain de raisin et d'un verre d'eau. Il n'avait pas faim. La soirée passa rapidement, il mangea une petite assiette vers 18h et, alors qu'il allait rentrer au Campus, Jordan - qui avait commencé à travailler 20 minutes plus tôt - s'avança vers lui avec un petit air penaud et les yeux rouges.

« Dwaaaayyyne ? Tu peux me remplacer pour la fermeture? Mon père a eut un accident et... »

Le jeune australien hocha la tête. Il rentrerait un peu après minuit, Ren dormirait sans doute déjà... Et puis Jordan avait vraiment l'air perdu. Le jeune Miller lui fit un sourire réconfortant et, sans dire un mot, donna du courage à son collègue et ami. Puis la soirée reprit. Dwayne avait mal aux joues à force de sourire à tout va, ses pieds le faisait atrocement souffrir et ses bras l'élançaient. Le restaurant était presque vide vers 22h et vers 23h les derniers clients quittait l'établissement. Dwayne soupira de soulagement et s'écrasa sur une chaise pour souffler un peu. C'était la pire journée. Il avait mal partout ! Il se releva avec l'énergie que lui donnait le désir de se faire couler un bain chaud et de se rouler dans ses draps. Il nettoya le restaurant, fit la balance de la caisse, rangea la cuisine et dit au revoir aux cuisiniers qui partaient. Il alla ensuite remplir quelques papiers dans le bureau et fit un dernier tour pour voir s'il n'avait rien oublié. Enfin, il verrouilla le tout et se prépara à partir vers minuit.

L'air frais du dehors qui emplit ses poumons quand il sortit lui fit un bien fou. Il contourna le restaurant - car il était sortit par l'arrière - et s'engagea sur le trottoir sombre, éclairer par endroit de lampadaire. Le chemin qu'il avait à parcourir pour rentrer au campus n'était pas très long, mais il lui fallait passer par tout un tas de ruelles louches et bourré d'ivrogne. C'était pourquoi il ne faisait jamais la fermeture. Jamais. Il ne la faisait qu'en cas de nécessité et son père venait le chercher à chaque fois. Sauf que là... Il était au campus. Il devait marcher. Et c'est en se faisant tout petit et tentant de ne pas se faire remarqué qu'il parcourut un peu plus que la moitié du chemin qu'il devait faire.

« Eeehh, pédale ! »

Dwayne sursauta et accéléra. Il ne se savait pas visé, mais ce cris lui avait fait peur. Seulement, il se fit happer par une main humide et collante, velue qui plus est.

« Lâche-moi, vieux dégueulasse ! »

Une forte odeur d'alcool, de sueur et une autre odeur qui lui donna la nausée parvint à son nez.

«T'es dégueulasse, gros pédé ! Va te faire mettre plus loin, tapette ! »

Des rires gras qui résonnaient à ses oreilles. Bien sur, il était avec des potes. Pourquoi se confronter à un jeune homme seul ? C'est bien plus drôle frimer avec ses potes en frappant une proie sans défense. Dwayne eut soudainement le souffle coupé et une forte douleur dans le ventre. Un coup de poing dans son estomac ? L'australien se laissa glisser sur le sol en gémissant de couleur, sur le flanc. Et puis comment savaient-ils qu'il était gay ? Il n'avait jamais rien dit... Ou alors son physique androgyne leur avait peut-être laisser entendre qu'il aimait les hommes... Dwayne n'eut pas le temps de pousser d'avantage ses pensées qu'il reçut un coup de pied au visage qui se fit se retourner de l'autre côté. Il se releva doucement et tenta de fuir, mais se fit rattraper avant d'avoir pu espérer pouvoir s'échapper. Une claque qui lui brûla la joue, Dwayne opta pour tenter de se battre. Il lança ses pieds et ses poings un peu partout, atteignit des masses avec ses pieds et une touffe de cheveux avec ses mains. Il tira de toute ses maigres forces, entendant résonner un rugissement de douleur et de colère dans ses oreilles bourdonnantes.

On le traina dans une ruelle et on le poussa contre le mur de brique. Il cria, goûta le sang dans sa bouche. Amer et métallique liquide pâteux qu'il sentait sur sa langue et cette douleur sur celle-ci. Il l'avais surement mordue. Un des hommes, celui qui riait comme un porc s'approcha et le souleva par le col, levant le poing pour le frapper. Dwayne ferma les yeux en attendant le coup qui vint rapidement se fracasser contre sa joue. Sensation humide qui coule de sa bouche. Sang ? Salive ? Il ne savait pas, mais sous la force du coup il tomba sur le sol et de nouvelles insultes retentirent. On lui donna des coups de pieds et il continua à crier et gémir de douleur.

Il ne pouvait rien faire d'autre de toute façon. Fuir ? Il n'en avait même pas la force dans ses jambes. Se défendre ? Il ne mangerait que plus de coup, comme il avait put le tester. De toute façon, ils allaient finir par se fatiguer de s'acharner sur lui. Quand il cesserait de bouger. Dwayne espérait seulement retrouver assez de force pour rentrer au campus, après ça.

Un fort coup de pied dans son estomac lui coupa le souffle, interrompant ses pensées et il haleta bruyamment, tentant de retrouver son souffle.

Plus jamais je fais les fermetures.

Ses oreilles bourdonnaient à chaque coup, très bien qu'il n'entendit pas les bruits de bagarre que provoqua Ren en venant à sa rescousse. Dwayne se disait simplement que c'était enfin finit et qu'il allait juste faire un petit somme pour reprendre des forces et repartir ensuite. Un tout petit somme de rien, alors que les sons environnants lui parvenaient comme dans du coton. Ce bruit métallique qui résonnait dans la ruelle... Dwayne les entendait de très loin. Les yeux à demi fermés, la vision trouble, il vit approcher vers lui une masse sombre. Non... pas encore.. pas encore des coups, pitié... Il gémit de peur et ferma les yeux en se crispant. Mais des mains douces le soulevèrent et il se sentit voler. Une douce odeur de vanille l'enveloppa et il reconnut le parfum particulier de Ren. Cette odeur bien à lui. Immédiatement, Dwayne se détentit et se laissa aller dans ses bras comme une poupée de chiffon. À quoi bon? Il avait tellement mal partout, il voulait juste rentrer chez lui.

« ...Ren... Ren.... »

Cette petite voix qui marmonnait le prénom de son colocataire. Dwayne n'avait plus en tête que la douleur qu'il sentait dans son corps, la fatigue de sa dure journée, le stresse que lui avait causé Ren et la peur qu'avait fait naitre en lui les coups violents de ces hommes sales. Il se sentit se faire allonger sur une surface dure et gémit douloureusement en se tenant les côtes et respirant avec difficulté. Le côté droit de son visage commençait déjà à enfler et il sentait les pulsations de son sang dans tous les endroits meurtrit de son corps. La fraîcheur qu'il ressentit sur son visage lui fit ouvrir les yeux.

Quand il sentit des lèvres tendres se poser sur les siennes, il réalisa enfin que Ren était devant lui et qu'il le regardait dans cet état. Dwayne se redressa vivement, il eut un étourdissement et tomba du banc. Il se cacha le visage et n'entendit presque pas ce que Ren lui disait, ignorant la douleur, il marmonna :

« J-je ne veux pas que tu me v-vois... encore p-plus laid que d'hab-bitude ! Ne me regarde pas ! »

Il se recroquevilla sur le sol, dos à lui et se rassit doucement en haletant de douleur. Ses côtes lui faisaient mal, c'était insoutenable. Il cessa de lutter et se laissa tomber le dos contre Ren, presque inconscient. Les hommes ne l'avait pas raté, du tout, et en plus de la fatigue du travail qui lui faisait peine à marcher même avant de se faire chopper par ses charognards, Dwayne n'était maintenant plus qu'une petite chose fragile et souffrante.

Toute la journée il avait vécu des chocs émotionnels assez intense, il était complètement épuisé mentalement, et physiquement, en plus d'avoir été battu. Il ne voulait même plus se forcer à se questionner sur les raisons de cette agression, ni sur l'inhumanité de ces hommes saouls. Tout ce qu'il voulait c'était un bain pour se débarrasser de tout ce sang, de toute la saleté qui souillait son corps imparfait. Il voulait son lit frais... Et il voulait un popsiccle.

Ohh oui, un popsiccle aux bananes.