Le jour se levait... Un jour comme les autres... Assise sur le rebord de sa fenêtre, Lulu envoya valser d'une pichenette le mégot qu'un inconnu de passage dans la chambre y avait écrasé. Elle le regarda atterrir loin, très loin en bas, en buvant une gorgée de boisson énergétique. Si elle n'avait pas été levée depuis près de deux heures, elle aurait volontiers fait la grasse matinée. Mais ses vieilles insomnies la reprenaient. Faut dire que dormir pendant un an et demi sans interruption n'aide pas vraiment à prendre un rythme de sommeil stable... Elle mit ses chaussons et descendit du rebord, s'étirant en s'efforçant de garder les yeux ouverts. Elle détestait cet état de semi-sommeil... Lulu vida le reste de la canette d'une traite et l'envoya s'écraser dans la cour. Sans prêter attention à ses camarades de chambres qui de toute façon dormaient encore, elle enfila un jean noir moulant et un débardeur rouge sombre, s'efforçant d'ordonner ses cheveux de façon à peu près présentable. Elle enfila rapidement une paire de basket et quitta sa chambre, claquant ostensiblement la porte.

L'inconvénient de la période de réveil le matin, juste avant le petit déjeuner, c'est que les gens sont soit surexcités, soit morose soit totalement dans le brouillard. Et peu importe de quelle catégorie il faisait partie, elle sentit très clairement celui qui la bouscula presque volontairement pour continuer sa course dans le couloir. Mauvaise idée, sachant que la main de Lulu attrapa la capuche de son sweat dans un réflexe trop rapide pour être humainement normal. Il manqua de tomber, et ne dut de garder son équilibre qu'à la poigne de la jeune fille qui le maintint résolument sur ses pieds.

-Mais lâche-moi ! Qu'est-ce que tu fous ?

Un sourire contrarié se dessina sur les lèvres de Lulu. Il l'énervait. il l'énervait vraiment, avec son air à moitié énervé, à moitié "je vais te casser la gueule si tu me lâches". Elle n'eut même pas le temps de penser, même pas le temps de comprendre qu'il lui parlait ou ce qu'il essayait de dire. Ses mains agirent tous seuls, l'une tirant le garçon dans sa direction pour que l'autre puisse s'écraser en un violent coup de poing à l'exact emplacement de son nez. Il resta à terre à la fixer, hébété. Lulu lui jeta un dernier regard sanglant avant de se retourner... et de se retrouver nez à nez avec un surveillant...

-Putain encore la chance...

Il ne l'avait certainement pas entendue, par contre il voyait très bien l'autre imbécile assis par terre en train de se masser le nez au bord des larmes. Pitoyable. Elle releva la tête avec un semi-sourire :

-Vous avez quelque chose à me dire ? Vite de préférence parce que j'aimerais éviter de me prendre encore des heures de "colle-psy" pour problèmes de discipline...
-C'est déjà le cas, Miss Dixapel...
-Ah vraiment ?

Alors qu'il commençait à écrire une de ses énièmes convocations pour un rendez-vous chez le psy, elle lui envoya un coup de pieds tant le genou qui le fit basculer au sol.

-Eh bien tant mieux.

Elle l'ignora totalement et alla s'asseoir dans la salle commune, nouvelle boisson énergétique à la main, tranquillement installée dans le canapé alors que son sang bouillait à moitié de rage. La journée commençait teeeeellement bien...

Ayalis, endormie, cheveux mauves, contrariée, sweat-shirt brun informe, bougonne, vit Lulu s’asseoir avec violence sur le canapé qui lui faisait face.
Selon une convention établie depuis longtemps parmi les membres de la classe de Lulu, qui se trouvait être également celle d’Ayalis, un périmètre de sécurité virtuel s’établit de suite autour de la colérique, via les petites cellules grises de la moins colérique.
La journée allait être dangereuse, et Ayalis se rongeait les ongles d’être dans la salle commune à ce moment, ce qui n’était pourtant pas initialement prévu.

En effet, tôt le matin, c’est un quelconque étudiant passant en criant des BWAAAAH digne des protagonistes crétins d’une saga bien connue qui l’avait réveillé, ce qui, en soi, n’était déjà pas prévu au programme.
Soit. Elle aurait presque pu se rendormir, pour se réveiller, comme à son habitude, (et après de très nombreux reports de sonneries) 5 à 10 minutes avant la sonnerie de début des cours, ce qui d’ordinaire, lui laissait le temps d’attraper le premier vêtement qui lui tombait sous la main et de courir jusqu'à la salle de cours pour l’atteindre entre 1 minute avant ou après l’apparition du prof.

Mais non, il avait été décidé que quelqu’un, dans un dortoir voisin, sortirait de sa chambre pour dire en termes précis ce qu’il pensait de l’action (somme toute puérile) de l’individu. Il fallut aussi que l’individu en question ne soit pas du genre à aimer se faire insulter et qu’il réplique, provoquant ainsi un bataille générale, suivit de l’intervention d’un agent de sécurité à la voix particulièrement portante.
Damned.
C’est donc de cette manière qu’Ayalis, pauvre chose, se retrouva affalée dans un canapé de la salle commune à une heure si avancée, tout au moins pour son horloge biologique. Elle allait même avoir le temps de descendre déjeuner au réfectoire. Décidément !
Et c’est également à ce moment que sa camarade de chambre débarqua dans la salle commune, un surveillant aux talons.
De ce que son oreille prétendument innocente pu entendre de la conversation, il était question de rendez vous chez le psy. Ha ! Cette horreur imparable des psys… Elle était surement la seule personne du campus à ne pas détester ces rendez-vous, et encore s’imaginait-elle avoir l’exclusivité de cette (révolutionnaire il faut l’avouer) idée.

Après quelques menaces d’une créativité sans pareil, le surveillant tourna les talons en boitillant.
Ainsi convaincu que respecter le périmètre de sécurité était la plus sage des déscision, Ayalis se leva, décidée à aller prendre cet inconventionnel petit-déjeuner. Seulement, lorsqu’il fût dit que les lapins, si crétins soit-ils, envahiraient le monde, ce n’était pas pour rien, et voilà un corps non identifié qui fonce sur Ayalis en criant des BWAAAAAh toujours aussi énervants.
D’ailleurs Ayalis, si elle avait été moins lâche, aurait surement attrapé la chose par le col pour lui dire sa manière de penser. Elle préféra au contraire se jeter sur le côté pour éviter l’énergumène.
Et atterrit irrémédiablement sur son irritable camarade de classe. Putain defatalité !
Peu décidée à se faire étriper si tôt dans sa précieuse pauvre petite vie, elle se relava d’un bon et apostropha l’énergumène. Faisons comme si de rien était, ça marchera peut être. Tu as bien raison, l’espoir fait vivre.
« Tu veux pas arrêtez tes conneries deux minutes !! »
Non, en temps normal, elle ne se serait pas fait remarqué. Elle aurait snobé l’imbécile et lui aurait fait un croche pied un de ces quatre matins. Mais autant prouver à Lulu que «c’est quand même n’importe quoi, et il y a de quoi s’énerver contre eux » sous-entendu ne pas s’énerver contre « moi ».

Ça s’appel l’instinct de survie, et c’est très développé chez Ayalis.

La tranquillité semblait être un rêve sans espoir ce matin... A peine assise sur le canapé, Lulu avait vu sa boisson renversée sur ses jambes, à cause d'une élève qui, lui semblait-il, faisait partie de sa classe. Élève qui lui était tombée dessus de manière plu ou moins volontaire. Avant qu'elle n'ait le temps de réagir, le responsable de cette chute était déjà en train de se faire hurler dessus. Lulu poussa un soupir, se leva.
La moitié des élèves reculèrent d'un pas avec un air terrifié. Si la colère d'Ayalis ne semblait que moyennement les effrayer, leur peur de Lulu était, elle, bien réelle, et sa réputation n'était plus à refaire depuis deux ans. Celui qui était entré en hurlant dans la pièce sentit une sueur froide couler dans son cou quand elle le fixa. Il voulut s'enfuir, une main se saisit de ses cheveux et vint violemment cogner sa tête contre le mur. L'écart des élèves s'agrandit.

Lulu savourait le demi-pouvoir qu'elle avait sur eux. Ils la craignaient parce qu'ils ne possédaient pas la force brute nécessaire pour lutter contre elle, ni les techniques appropriés pour la vaincre dans un combat normal. Quand à ceux qui avaient essayé de façon déloyale, il y avait laissé suffisamment de plumes pour ne pas être tenté de recommencer. Avant qu'il ne se redresse, elle posa son pied à la base de sa nuque et se tourna vers Ayalis.

-Admettons... que c'est lui qui t'a fait tomber...

Elle ne sentait pas la moindre envie de la frapper, ce qui était une chance miraculeuse, l'autre abruti ayant légèrement apaisé sa colère. Très légèrement, trop légèrement peut-être. Elle restait tout de même très perceptible dans sa voix. Elle fit tourner son pied et lui tira un gémissement.

-Vu comme il est abruti, je peux croire à ça. Ça n'empêche pas que ça, c'est de ta faute.

Elle désigna du menton la canette vide qu'elle tenait toujours dans sa main gauche. Le bas de son débardeur était tâché, son pantalon aussi bien que ce soit néanmoins beaucoup moins visible, rapport à la couleur.

-Il faudrait trouver un moyen de régler ce... léger problème.

Docile, Ayalis avait participé au mouvement de recul général provoqué par l'aura de dangerosité qui s'exhalait de Lulu. Il faut dire qu'elle esperait aussi se fondre dans la masse et se faire oublier de cette manière. Allons bon, elle fit également partie du deuxième mouvement de recul après que le crétin ai fait connaissance avec le mur. Elmle eu également le reflexe universel mais tellement imbécile de fermer un oeil, de serrer les dents et de tourner un peu la tête lorsque retenti le bruit -relativement indéfinissable par ailleurs- du crâne entrant en contact avec le mur. Comme pour anticiper un coup qui ne lui était pas destiné. Sauf que ELLE, elle avait des chances non-négligeables de finir de la même manière...

ha. espoir vain. Voilà Lulu qui s'adressait à elle. Dans une pose un peu Indiana jonesque, le pied solidement appuyé sur... la chose gisante... à ses pieds. Ayalis déglutit, et se dit que, bordel, qui avait décidé qu'on pouvait être la personne la plus violente des environ et se permettre d'avoir une telle classe !
Bref, qu'est ce qu'il se disait ? régler le... léger problème c'est ça ?

Alors là! Non! non Ayalis ne payerait pas. Ayalis ne dépense pas son argent.
Elle resta de fait impertubable pendant quelques secondes, puis, dégoutée, dirigea son regard vers la chose gisante. Mais quel incapable alors ! Pourquoi restait-il par terre comme ça celui là ? Il était en train de se faire humilier non ? Il ne pouvait pas un peu défendre son honneur non? Il avait des couilles oui ou merde ?!?!

bref, non, Ayalis n'était pas une fada de l'honneur, mais elle aurait énormément apprécié que ce type se rebelle encore une fois, pour que Lulu déverse toute sa colère sur lui, lui fasse tout payer, l'explose et oublie Ayalis.
Non.Pas trop scrupuleuse quand il est question de son argent et de sa peau.
Le semi cadavre fut donc gratifié d'un regard spécial "tu n'es qu'une merde qui ne mérite même pas de vivre."
En général, c'est très bien maitrisé par les enfants roi ce genre de chose.

bref, l'imbécile étant visiblement hors course, Aya-ya n'avait pas trop le choix, elle leva le regard vers Lulu.
Alors, comme dirait Lenine: que faire ?
C'etait en fait relativement simple. Une chose qu'avait appris la maison de correction à Ayalis : "quand tu es face à plus fort que toi, tu t'écrases !"

Bref, tentons de rester subtil.
"haa, been, ouais, si on veut... je heuu... et comment... je répare le problème ?"
Non, pas besoin d'éloquence pour s'écraser, bien sûr elle aurait put faire ça mieux, mais si tu t'imagines qu'elle va s'amuser à bien tourner ses phrases pour ça!! Actuellement, Lulu, tu te fais mépriser au plus haut point pour avoir demandé à Ayalis d'ouvrir son portefeuille. Mais ça, ce ne sont pas des choses qui se montrent...

Lulu voyait très bien qu'Ayalis ne semblait pas trop emballée par l'idée de "régler le problème". Mais avait-elle le choix, après tout ? Elle savait qu'elle avait un pouvoir conséquent sur toutes les personnes présentes dans cette pièce... Surtout l'asticot écrasé sur sa chaussure. D'un côté, elle n'avait aucun intérêt à lui faire payer quelque chose qu'elle pouvait avoir quand elle le voulait, de l'autre elle était extrêmement en colère. Elle allait parler, expliquer que dans le pire des cas, elle lui demandait juste un petit service... quand elle sentit un petit mouvement sous son pied.

La loque s'était dégagée et agrippée à sa cheville dans le but plus qu'évident de la faire tomber. But qu'il réussit d'ailleurs à atteindre, et l'arrière de la tête de Lulu vint heurter l'accoudoir du canapé qu'elle avait quitté un peu plus tôt. Puis il s'enfuit, profitant de son étourdissement... qui ne dura pas assez longtemps, malheureusement pour lui. Encore à moitié dans les vagues, elle passa une main derrière sa tête, le fixa d'un regard flou et se contenta de relever brutalement la jambe. Jambe qui percuta violemment l'entrejambe du garçon et le fit s'écrouler au sol. La jeune fille se releva en vacillant, s'appuyant légèrement sur l'épaule d'Ayalis au passage, et souleva le garçon du sol en lui jetant un regard glacial que personne n'a envie de voir.

-Ah... La bêtise humaine...

Elle l'envoya contre le même mur qu'avant,mais à distance, et l'écrasa assez simplement d'un coup de pied dans le bas-ventre. Sa blessure à la tête la reprit à peu près au moment ou elle récupérait dans les poches de sa "victime" l'argent nécessaire pour se racheter une nouvelle cannette. Quelqu'un, qui se la jouait grand justicier anti vol, s'apprêtait à l'engueuler... Non, peut-être qu'il le faisait vraiment en fait. Elle s'approcha lentement d'Aya en essayant de tenir approximativement debout.

-On va dire que tu ne me dois rien pour cette fois... J'aurais juste un léger service à...

Elle n'eut pas le temps de finir sa phrase et vacilla en arrière, cogna faiblement quelqu'un qui avait apparemment l'intention de défendre celui qui se trouvait à terre, et tourna de l'oeil...

Occupée à exécrer silencieusement la situation présente, Ayalis s'étonna de voir d'un coup Lulu sortir de son champ de vision. En abaissant la tête, elle eut l'heureuse surprise de constater que l'imbécile était encore plus imbécile qu'il n'y semblait, et que, entrainer sans aucun doute par son minable reste d'orgueil, il avait agripper la cheville, ou quoi que ce soit d'autre de Lulu pour la faire tomber.
Alors certes, le fait qu'elle soit tombée n'était pas forcément positif et laissait craindre de sévères représailles. Mais la question était en réalité, vers qui ces représailles seraient-elles dirigées?
La réponse fut assez rapide, et l'opportun fût vite fait chantre, pour éviter un language trop cru qui eut choqué certaines personnes trop bien pensantes.
Le reste fût à peu près aussi magistral, et le type se retrouva de nouveau en brusque contact avec la mur.Suite au coup de pied de Lulu, il glissa -enfin- au pied du mur en gémissant et en se tenant le ventre. Ou comment établir une dictature par la terrueur et la répression. Pauvre chose, c'est qu'il fallait quand même être particulièrement bête pour attaquer deux fois de suite une personne dont on sait pertinement qu'elle est plus forte. Et voilà ainsi l'ingratitude d'Ayalis, qui après avoir vu son souhait exaucé, trouve encore le moyen de critiquer le sacrifié. Car oui, en plus d'être une individualiste chevronée et une lâche invetérée, la tchèque possèdait à l'occassion une chance à en faire palir quelques grandes figures des protégés du trèfle à quatre feuille et autres pattes de lapins.
Et c'était peu dire, puisque Lulu revint vers elle (ce qui occasionna une certaine angoisse) pour simplement lui dire qu'elle ne lui devait rien, exeption faite d'un petit service... Bref, bienheureuse, l'Ayalis qui voyait tous ses désirs exhaucés. Et elle contemplait le tableau avec une satisfaction à peine dissimulées, en se disant que tout était parfait.

Enfin, tout aurait pu être parfait, s'il n'y avait pas ce type, là, près de l'asticot tordu de douleur, pour commencer à se plaindre de Lulu en prenant pour pièce à conviction la personne qui servait désormais de carpette. Et également si Lulu n'avait pas choisit se moment précis pour s'évanouir aux pieds d'Ayalis.
De fiat, la situation pour la jeune tchèque devint sensiblement moins enviable.
Le problème étant, avant tout, c révolutionnaire de pacotille qui continuait à arranguer l'assemblée présente dans la salle. Et il apparaissait d'ailleurs que Lulu était peut être encore moins appréciée qu'il n'y parraissait, peu de personnes appréciant en effet de se faire taper dessus pour -disons le- 3 fois rien.
Et dans les personnes présentes, chacunes y allait de son propre argument, de son propre sentiment, et peu à peu la rumeur enflait, et la salle saturait d'un murmure hostile et excitée.
Ayalis, qui par nature, ne prenait jamais (ou presque) parti, vit nettement où les choses risquaient d'en venir. Elle avait déja vu, dans sa maison de correction, des bagarres généralisées dont une personne partaient les jambes devant pour avoir été le bouc émissaire, à tort ou à raison, d'une poignée de personnes trop facilement excitables. Un lynchage en somme.
C'était peut être dramatiser la situation, mais Ayalis, bien que loin d'être une démagogue, estimait que dans une école où près de la moitié des élèves étaient considérés comme jeunes à problèmes, et avait en somme pour la plupart un passé pas franchement impecable, ce genre de choses pouvait arriver vite. Très vite.

Malgré ses défauts, Ayalis gardait en réserve, pour les circonstances exceptionnelles, un soupçon de fierté humaine qui lui dicta de ne pas laisser les choses en plan et d'ssayer d'intervenir. Elle glissa le bras de Lulu autour de son coup et soulava la jeune fille. Pas franchement lourde, mais Ayalis n'avait pas énormément de force, et pâtissait tout de même de cette charge supplémentaire. Lulu saignait au niveau de la nuque. C'était d'ailleurs assez étonnant car le bras su canapé, bien que pas franchement moelleux, n'était pas non plus une barre de fer. Il fallait que le contact ai été vraiment violent.
Une personne soti de la masse compact, pris l'autre bras de Lulu et fit de même qu'Ayalis. Evidemment, si elle avait esperée se voir comme une sauveuse providentielle, il fallait qu'elle se résigne au fait qu'elle n'était pas plus estimable qu'un autre, et pas plus intelligente que les gens composant l'assemblée présente.

Le petit révolutionnaire-chef, qui était aussi fonceur que beau parleur, leur demanda ce qu'ils étaient en train de faire. Ayalis, qui gardait malgré tout son côté ingrat, préféra ne pas répondre, et en laissa le soin à la personnes à sa gauche, qui se contenta d'un :
"On l'emmène à l'infirmerie."

La rumeur gagna quelques décibels, et Ayalis le sentait mal, mais alors très mal. Elle ne savait plus trop quoi faire, car il faut avouer aussi que son acte n'était pas dénué de tout interêt personnel. elle avala sa salive et préféra s'en remettre à la personne à ses côtés, espérant ainsi paye moinsde pots cassés si il y en avait.

Heureusement pour eux, le niveau sonore avait attirer par là deux où trois agents de sécurité qui se dirigèrent vers Lulu.
"Qu'est ce qu'elle a ?" demanda l'un.
On lui répondit qu'"elle" s'était cognée la tête.

L'agent avança la main pour examiner Lulu, pendant que derrière, on continuait d'entendre des protestations. De toute façon, face à tous ces élèves, Ayalis n'était pas sûre que les deux agents de sécurités serviraient à quelque chose.
L'agent qui examinait Lulu poussa un cri de douleur, et il sembla à la Tchèque que sa camarade s'était réveillée...

Il faisait noir... Lulu était plongée dans une obscurité totale qui lui tapait sur les nerfs. Elle voulut bouger, ne sentit rien. Mais elle ne parvenait à se poser aucune question. Elle était incapable de bouger, elle entendait des sons sourds sans bien parvenir à les identifier. Les paroles se mêlaient à des sifflements. Elle sentit cependant des bras la soulever. Peut-être qu'il n'y avait pas que des ordures dans cette salle...Peut-être qu'elle pourrait sortir, peut-être que...
Les son se firent plus clairs, plus compréhensibles. Des éclats de voix. Elle entendit leur rage au fur et à mesure qu'elle reprenait conscience. On parlait d'elle ? Probablement. Elle avait l'habitude d'entendre les gens cracher sur son passage. Elle était faite pour la solitude, pourquoi se fatiguer à tenter le social ? Sans doute que les personnes présentes rêvaient de se venger de toutes les fois où ils lui avaient tapé sur les nerfs... Elle n'avait jamais contrôlé la violence de ses réactions, la colère était son moteur. Mais elle ne se rappelait d'aucun de leur visage : sa colère ne s'entendait pas bien avec sa mémoire. Et celui/celle/ceux qui la portaient gênaient les petits agresseurs dans leurs plans. Oui, ça se passait sûrement comme ça. Ça se passait toujours comme ça.

Alors qu'elle commençait à sortir du brouillard _peut-on parler d'évanouissement quand cela dure moins de dix minutes?_ Lulu entendit des pas. Agents de sécurité. Dans sa tête encore embrumée, elle fit directement le lien avec les heures de colle, les psys,... Et son corps agit plus vite que sa tête, comme d'habitude. Elle se saisit de la main qui était venue palper l'arrière de son cou et serra les doigts jusqu'à entendre un léger craquement. Pourquoi elle faisait ça ? Un réflexe, sans doute... Toujours est-il que quand il se recula en soufflant sur ses doigts pour faire partir la douleur, Lulu s'aperçut que son corps était encore faible. Elle vacilla, trébucha légèrement, s'appuya rapidement sur le première épaule qui passait, celle d'Ayalis, et s'efforça de trouver un équilibre précaire. Sans se préoccuper des agents de sécurité, elle jaugea les personnes présentes dans la salle. Comme elle s'en doutait, elle n'en reconnaissait absolument aucun. S'était-elle vraiment battue avec ces personnes ?..

Il lui fallut une bonne dizaine de minutes pour se souvenir qu'elle avait prit un coup derrière la tête. Dès que l'idée lui vint à l'esprit, la douleur se fit plus vive et plus flagrante. Elle avait mal... Elle n'avait pas eu mal depuis longtemps, bien trop longtemps pou que ces raclures s'en sortent indemnes. Celui qui l'avait blessée était déjà à terre, secouru par l'agent de sécurité à qui elle avait tordu les doigts. Ceux qui avaient voulu en profiter se tenaient face à elle, et ses poings tremblaient de rage. Elle voulut s'approcher, vacilla, se raccrocha à la jeune fille. Incapable d'aligner deux pas... C'était pitoyable. Alors, sans parvenir à masquer la difficulté qu'elle avait à garder les yeux ouverts, elle leur jeta un regard sanglant et proféra d'une voix pleine de rage plus ou moins contenue.

-Bande d'enfoirés....

Jamais elle n'avait eu la lâcheté de profiter de la faiblesse des autres, jamais elle ne l'aurait. Ce n'était pas leur cas. Les personnes à qui elle s'attaquait étaient généralement en bon état physique... avant, au moins. Elle passa une main derrière sa tête et la retira plein de sang. On l'avait blessée. Personne n'avait le droit de la blesser.

-Vous n'êtes que des lâches... qui s'attaquent à des personnes sans connaissances. Je me demande ce que vous diriez si on venait vous casser en morceaux pendant votre sommeil...

Lâches, pas larves. Pourtant elle avait été très tentée d'utiliser ce mot. Ils étaient des larves. De misérables petites larves.

-Parce que tu crois que nous on peut se défendre contre toi ?!
-Vous, vous avez des jambes. Elles sont aussi faites pour courir.

Elle était encore faible, elle le sentait, et elle trouvait ça particulièrement agaçant. Elle mourrait d'envie d'aller refaire le portrait du petit chef de bande qui l'avait attaquée en fourbe. Mais ses poumons manquaient même d'air, ses jambes ne la supportaient pas. Il lui fallait un certain temps avant de pouvoir réellement ne serait-ce que donner une petit coup de poing qui n'ait pas la force d'une gifle d'enfant...

Ayalis était étonnée, l'agent de sécurité ne semblait pas avoir de doigts cassés. C'était assez étonnant, pour qui avait déja vu Lulu briser comme un brin de paille un solide pupitre en bois. Mais elle compris vite que sa camarade de classe n'était pas tout à fait remise, car elle resta plusieurs minutes sans rien dire ni rien faire, vacillante. Lulu se rattrapa plusieurs fois sur la malheureuse épaule d'Ayalis.

Décidément, la jeune blonde n'allait pas bien, car on se serait plutôt attendu à ce qu'elle fonce dans la masse pour faire quelques bras cassés.
Enfin, après un nombre de minutes qu'Ayalis jugea inquiétant, Lulu articula faiblement quelque chose qu'Ayalis identifia comme un "bande d'enfoirés". La tchèque se raidit considérablement.
Comment peut-on rajouter de l'huile dur le feu lorsque l'on est dans la maison qui brûle ? C'était suicidaire de dire ça, et la pauvre Li-lis se demandait si elle n'aurait pas mieux fait de faire profil encore plus bas.
Elle grogna vaguement pour signaler à la jeune fille son point de vue, qui se résumait à peu près à : "ta gueule"
Mais, mais c'était rêver, car la jamaïquaine continua sur une phrase de menace, une histoire de venir les taper dans leur sommeil. Et le petit meneur répliqua, entrainant ainsi la réplique de Lulu qui...

Là, pour le coup, Ayalis n'appréciait pas trop l'idée de voir le ton monter encore plus, ce qui était malheureusement en train de se produire. D'ailleurs elle voyait déja les conséquences si elle se retrouvait mêlée à ça. En imaginant qu'elle puisse se sortir indemne de cette accrochage( où elle n'avait pas franchement choisit le bon camp), elle se retrouverai avec une pile de devoirs supplémentaires, des heures de colles, et perdrait illico la confiance qu'un nombre assez appréciable d'adultes avaient en elle. Oui, parce que quitte à être hypocrite, Ayalis s'arrangeait pour avoir de bonnes relations avec tout le monde, et soyez certains que se faire bien voir auprès des agents de sécurité procurait certains avantages non négligeables.
Bref, Ayalis semblait avoir le choix entre sortir perdante et sortir perdante.
Peu séduite par ces deux alternatives, elle dégagea son épaule d'en dessous de la main de Lulu, qui s'en servait plus ou moins comme canne.
Non, bien sûre, elle ne le fit pas violement, au contraire, plutôt le genre "oups, désolé, j'ai un peu vacillé, et du coup, mon épaule à glissé, et du coup...". De plus elle pris soin de rattraper Lulu avant que celle-ci ne touche le sol.

" Ho pardon ! ça va ? On devrait peut-être aller à l'infirmerie, tu tiens plus debout."

genre "sisi je t'assure, c'est toi qui a glissé." Pas une chance sur cent pour que l'autre soit dupe, surtout au vue du peu de naturel dont Ayalis faisait preuve, mais ça, c'était bien le cadet de ses soucis. Tout ce qui importait, c'était partir. Pas vu pas pris.
Mais de l'autre côté de Lulu, le second gardien improvisé fronçait les sourcils. Lui non plus ne s'y trompait pas, mais en même temps, Aya n'avait jamais prétendu être une grande actrice.
Et comme si ce n'était pas suffisant, le médiocre petit populiste d'enface se la ramenait comme quoi il en avait pas finit avec Lulu, et que si elle partait c'était qu'une lâche et que, la suite ne fût quère qu'un flot de juron.

" Toi, je te cause pas. Lulu, tu pourras la taper quand tu voudras, dès que tu la croiseras dans un couloir ok ? En attendant, là, le plus lâche, c'est toi!"

Ou l'hôpital se foutant de la charité, puisqu'à vue de nez, la personne la plus lâche dans cette pièce, c'était bien Ayalis. Mais pour un peu que l'on sache bien parler, on devenait le héros défendant la veuve et l'orphelin. malheureusement, pas sûr qu'Ayalis soit de ce niveau là.

Faiblesse... Le mot résonnait dans son crâne au rythme des battements qu'elle entendait sur ses tempes. Un coup derrière la tête peut-être dangereux... Elle s'en tirait sûrement à bon compte avec son simple évanouissement... Au moment où elle allait prendre une grande bouffée d'air, l'épaule d'Ayalis se déroba sous elle et elle manqua de s'écraser à terre... rattrapée à temps par celle qui l'avait elle-même fait tomber. A quoi elle jouait ? Elle avait peur de ces crétins écervelés ?

En y repensant, oui, c'était sûrement ça. Mais elle n'avait pas tort sur un point : elle ne tenait plus debout, et même si elle continuait de jouer les fières et de se mettre en colère, elle savait qu'elle n'aurait pas pu se battre contre eux. Ne jamais courber l’échine, ne jamais céder... Une manie qui un jour, risquait de la faire tuer... Difficilement maintenue en équilibre, elle jeta un regard glacial au garçon, agrémenté d'un magnifique sourire hypocrite."Bats-toi à la loyale si t'es un homme, on verra ensuite qui est le plus lâche d'entre nous". Il comprit son message, ravala ses insultes en lançant un regard noir à Ayalis et sortit de la salle d'un pas rageur en les bousculant violemment au passage, sans se soucier du regard des gardiens. Elle le connaissait... C'était un élève de leur classe, un certain Alex Melston. De ce dont elle se souvenait, elle avait essayé de l'assommer avec une chaise un an plus tôt parce qu'il s'amusait à répandre des rumeurs extrêmement désagréables sur elle...

Sans plus se préoccuper de lui, elle indiqua d'un signe de tête à sa camarade qu'elle souhaitait effectivement se rendre à l'infirmerie. Histoire de guérir cette blessure qui lui faisait monter le sang à la tête. Elle s'était rattrapée de juste quand l'autre les avait bousculées, en s'appuyant d'une main sur le canapé à côté au cas ou la jeune fille vacillerait en même temps qu'elle. Les autres enragés de la pièce s'était légèrement dispersés, même si les petits groupes qu'ils formaient continuaient de grommeler dans leur coin. Elle jeta un regard aux agents de sécurité.

-Plutôt que de rester là à me fixer, vous pourriez pas surveiller Alex histoire d'être sûrs qu'il ne m'attende pas à l'infirmerie. j'aimerais de préférence éviter de mêler des personnes extérieures à cette petite guerre entre nous deux.

Par personne extérieure, elle comprenait en particulier celle sur laquelle elle s'appuyait depuis une bonne dizaine de minutes. Lulu savait que le garçon ne renoncerait pas si facilement à lui casser deux ou trois dents... Elle attendit donc qu'Ayalis commence à marcher pour se diriger vers l'infirmerie...

En règle générale, Ayalis n'aimait pas trop quand on lui faisait comprendre qu'elle était entrée dans la liste noire de quelqu'un. Dans la situation présente, elle semblait squatter les premières places de la liste de l'agitateur amateur. Et c'était assez déplaisant pour elle, d'autant plus que pour insister, il lui fonça dessus et la bouscula en partant. Juste au cas où elle n'aurait pas su interpréter le coup d'œil rageur du garçon. Bref, au moins il avait débarrassé le plancher, et la situation n’était plus aussi tendue. Elle avait juste faillit tomber à cause du choc, mais, Lulu avait eu la bonne idée de s’accrocher à un fauteuil, et Ayalis n’avait donc pas été emportée par son poids.
Bref, la prochaine destination était donc l’infirmerie, puisque Lulu avait l’air d’être d’accord avec l’idée. Sauf que sa camarade trouva le moyen de faire remonter la tension chez Ayalis en disant qu’Alex risquait de les attendre sur le chemin.
D’ailleurs qui était Alex ? 2 secondes plus tôt, Ayalis n’en avait aucune idée. Maintenant qu’elle avait son nom, il lui revenait que c’était une personne de sa classe. Un garçon dont elle avait surement appris le prénom un jour où elle avait besoin d’emprunter une gomme ou quoi que ce soit d’autre.
Bref, dans tout les cas, maintenant qu’Ayalis était fichée, elle risquait fort de ne pas y échapper, peu importe si elle était avec Lulu ou pas, et si ce type n’était pas devant l’infirmerie, elle allait devoir rester prudente lorsqu’elle arriverait près d’un escalier dans les prochains jours, pour éviter une « malencontreuse chute ».

Et si tout cela n’était pas suffisant, il fallut en plus qu’un des agents de sécurité les interpellent et demande au garçon qui soutenait Lulu avec elle de rester pour lui expliquer ce qui s’était passé en détail. Soit disant qu’Ayalis pouvait bien emmener Lulu à l’infirmerie seule, aucun danger. Il insista d’ailleurs bien sur ce dernier point, manière civilisée de leur dire « démerdez vous, vous avez cherché les ennuis, vous les trouvez, maintenant ne venez pas vous plaindre. »
Chose que la tchèque jugea un peu arbitraire, car elle, n’avait pas cherché lesdits ennuis. Mais, de toute façon, il ne servait à rien de tenir tête à un surveillant, et embêtée à l’idée que Lulu puisse, elle, répliquer, Ayalis prit sans plus attendre le chemin de la porte, et accessoirement, de l’infirmerie.

Toute deux marchèrent alors silencieusement dans les couloirs, où quelques élèves se retournaient sur leur passage avec un regard curieux. Ayalis n’osait pas franchement parler, ne savait de toute façon pas quoi dire, et plus que tout, voulait éviter de réveiller l’eau qui dort, c'est-à-dire qu’elle voulait éviter que Lulu se rappelle son histoire de service à rendre pour son tee-shirt taché. Il n’y avait bien sûr rien de très embêtant à un simple service, quoiqu’elle ne savait pas de quoi il s’agissait, mais tant qu’a faire, si on peut passer entre les gouttes…
Bref, mis à part le fait qu’Ayalis était un peu parano et surveillait les alentours pour être sûre qu’il n’y a pas d’Alex en vue, l’infirmerie finit par entrer dans leur champ de vision, au grand soulagement d’Aya, qui espérait atteindre l’intérieur sans incident notoire. Ce qui malgré tout n’était pas encore forcément gagné.

/Désolée du retard, période de partiels puis Noël, tout ça.../

Lulu observa les agents de sécurité sans faire la moindre remarque. Prêts à "sacrifier" quelqu'un pour lui faire entendre raison à elle ? Ils étaient décidément d'une pitoyable méchanceté... Elle se contenta d'un soupir qui en disait long sur ce qu'elle pensait de leur façon d'agir. Bah, dans le pire des cas elle essaierait de défendre Ayalis si Alex avait l'intention de s'en prendre à elle.. Elle ne rétorqua pas à sa remarque et se contenta de la suivre. Pour l'instant, elle avait attiré assez d'ennuis à la jeune fille, pas la peine d'en rajouter. En compensation de tous les problèmes qu'elle lui avait causés, elle pouvait passablement oublier l'incident. Sauf que son débardeur était foutu. Tant pis.

Elle boitilla jusqu'à l'infirmerie en s'appuyant sur Ayalis tout en jetant de nombreux regards autour d'elle, à la recherche de la silhouette d'Alex quelque part dans l'ombre. Elle savait qu'il viendrait, il ne pouvait que venir. Elle ne l'avait que peu côtoyé mais il n'était pas du genre à renoncer. Il ne lui fallut pas longtemps pour vérifier sa théorie : à l'angle d'un couloir, elle aperçut le garçon qui s'avançait vers elles, un pied de table dans la main. mais où est-ce qu'il avait eu ça ? Lulu n'avait aucune force, certes. Mais il li suffisait de lui prendre son arme de fortune des mains pour qu'il leur foute la paix.

-Ayalis... recule... S'il vient dans ta direction, essaye de choper ça.

Elle lui désigna le pied de table et s'avança en vacillant jusqu'à l'imbécile de première qui rêvait de lui fracasser le crâne, s'appuyant contre le mur pour tenir debout. Le ricanement moqueur qu'il lui adressa n'arrangea pas son humeur.

-Alex... Dis-moi, quand est-ce que tu te lasseras de ta provocation suicidaire ? Il faut que je te casse les deux jambes pour que tu arrêtes de jouer le grand caïd ?

Elle le vit se crisper sur son pied de table. Bah, dans l'état où elle était... peu importe après tout.

"Comment tu veux que j'attrape ça ?"glapit Ayalis en voyant l'arme de fortune d'alex se balancer dangereusement entre ses mains. " c'est un pied de table Lulu ! Un pied de table !"

La situation était critique. D'abord un pied de table. Ensuite, une Lulu totalement branlante, avec du mal à mettre un pied devant l'autre. Et enfin, enfin, cette même Lulu qui trouvait encore le moyen de provoquer alex et d'envenimer encore un peu plus la situation, surtout dans l'état où elle était.

La petite Ayalis avait la caressante tentation de partir de là en courant.
Et en face, Alex savourait la peur qu'il exerçait sur elle, ainsi que ça position de force sur Lulu. Et en plus il se payait le luxe de ricaner. Ricaner à propos de quoi ? Ayalis n'aimait pas que l'on se moque d'elle, et même si ce n'était pas du tout l'intention d'alex, elle fût piqué au vif par ce ricanement. Et, gonflée par son misérable petit orgeuil, elle se redressa, marcha dans la direction de ces deux camarades.
Elle saisit Lulu par le col, puis la tira en arrière, marchant vers la direction opposée à Alex, lui tournant ostensiblement le dos.
Elle marchait en accelérant le pas, vexée qu'elle était, maugréant entre ces dents.
Elle avait la ferme intention d'aller sonner les cloches aux surveillants, en leur disant qu'un pied de table manquait dans une salle de classe, et que ledit pied, risquait fort de bientôt attérir sur un nez qui n'avait rien demandé.

Bien sûr, Alex ne semblait pas exactement d'accord avec cette descision, et s'empressa de les rappeller à lui, ou du moins d'essayer.
"Où vous allez ? Vous partez? vous avez peur hein ?"
Ayalis continuait de marcher. Elle avait repasser le bras de Lulu autour de son coup, et cette fois ci le maintenait assez fermement pour qu'elle ne réponde pas aux provocations. Parce que si ça marchait avec Lulu, ça ne marchait pas avec Ayalis, qui préférait ignorer superbement l'imbécile, qui, du coup, se retrouvait pantois.
"Vous barrez pas si vous avez des couilles!" tenta encore leur désoeuvré camarde de classe.
"tu parles à des filles!" lui lança Ayalis sans se retourner.

Mais malgré tout, Alex n'avait pas l'intention de laisser filer sa chasse gardée si vite. On entendit ses pas précipités dans le couloir, pour les rattrapper. Un frottement d'air indiqua qu'il venait de lever haut son pied de table au dessus de sa tête.

Ayalis poussa Lulu sur le côté, et essaya de se pousser sur l'autre. Le pied de table fendit l'air juste à côté d'elle, et Alex se prit les pied dans ceux d'ayalis. Ils tombèrent à deux, et qui serait passer par là aurait trouvé trois étudiants à terre, répandus sur la largeur du couloir, tous un peu étourdis.